La violence conjugale diminue au pays

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La violence conjugale est en baisse au pays, mais elle continue à être peu rapportée aux policiers, révèlent les résultats d’une récente étude de Statistique Canada. Si une proportion similaire d’hommes et de femmes ont affirmé en avoir été victimes, la gravité des agressions rapportées par les femmes était nettement plus importante.

Tendance à la baisse

Des 19,2 millions de Canadiens en couple ou l’ayant été au cours des cinq dernières années, 760 000 ont signalé avoir été victimes de violence physique ou sexuelle, soit 4 %. C’est nettement moins qu’il y a 10 ans, alors que 7 % des gens ont signalé en avoir été victimes, note Statistique Canada. Cette baisse s’observe aussi au Québec. Le taux de violence conjugale y est passé de 5,4 à 3,5 % au cours de la dernière décennie.

Violence rime avec ex

L’étude de Statistique Canada constate que la majorité des couples touchés par la violence conjugale ont pris fin. En effet, seulement 2 % des personnes ont rapporté de la violence dans une relation en cours, contre 13 % chez les personnes séparées. La plupart des incidents survenaient alors que les deux personnes vivaient ensemble, mais 16 % des victimes ont affirmé que la violence s’est manifestée après la rupture. La moitié des victimes disent avoir subi un seul épisode de violence conjugale, tandis qu’une sur cinq affirme avoir été agressée à plus de 10 reprises.

Toujours peu de signalements à la police

Un peu moins d’une victime de violence conjugale sur cinq dit avoir signalé les événements à la police, une tendance stable depuis 10 ans. La principale raison invoquée était que les gestes n’étaient pas assez importants pour être signalés. La vaste majorité des gens qui ont signalé les gestes à la police (82 %) ont dit l’avoir fait pour obtenir une protection. Soulignons que 71 % des victimes qui avaient signalé les agressions à la police ont précisé qu’aucune accusation n’avait été portée contre leur conjoint ou ex-conjoint.

Violence plus grave envers les femmes

La gravité des gestes de violence conjugale était nettement plus importante chez les femmes que chez les hommes. Le tiers des femmes victimes de violence conjugale ont dit avoir été agressées sexuellement, battues, étranglées ou menacées à l’aide d’une arme, contre 16 % chez les hommes. D’ailleurs, 40 % des femmes victimes de violence conjugale ont dit avoir subi des blessures physiques, contre 24 % des hommes. Notons que 16 % des victimes ont dû être hospitalisées.

Plus de stress post-traumatique chez les femmes

Une partie des victimes de violence conjugale ont signalé qu’elles souffraient de trois des effets du trouble de stress post-traumatique (TSPT). C’est particulièrement le cas chez les femmes, chez qui plus d’une victime sur cinq (22 %) a décrit de tels symptômes, contre un homme sur dix (9 %). Cet écart pourrait s’expliquer par la plus grande gravité des agressions vécues les femmes, les chercheurs ayant noté une corrélation entre la gravité et la prévalence du TSPT.

Deux fois plus de cas chez les autochtones

Si la violence conjugale semble en baisse dans la population canadienne, ce n’est pas le cas chez les autochtones. Le taux est resté stable depuis 10 ans, à 9 %, soit plus du double du reste de la population canadienne. Les autochtones semblent aussi subir des agressions plus graves, plus de la moitié (52 %) des victimes disant avoir été agressées sexuellement, battues, étranglées ou menacées à l’aide d’une arme. Cette proportion est deux fois plus élevée que chez les non-autochtones.

Plus de violence conjugale chez les gais

La violence conjugale a considérablement diminué chez les personnes homosexuelles depuis 10 ans, mais elle demeure néanmoins deux fois plus élevée que chez les hétérosexuels. En 2004, 21 % des personnes gaies, lesbiennes ou bisexuelles avaient signalé avoir été victimes de violence conjugale au cours des cinq dernières années. Cette proportion est passée à 8 % en 2014, soit près de trois fois moins.

Article paru dans La Presse 

Crédits photo: PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

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