Violence conjugale – Des mythes tenaces

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La femme au foyer sans défense

Encore trop de jeunes filles ne se voient pas comme des victimes – et tardent ainsi à aller chercher de l’aide – en raison du mythe persistant de la « femme battue sans défense », déplorent les intervenantes des maisons d’hébergement pour femmes. « Les jeunes femmes ont l’idée préconçue de la victime passive, mère au foyer qui encaisse les coups sans broncher. Elles se disent : “Moi, je suis capable de l’affronter mon conjoint, je riposte quand il me frappe.” Sauf qu’une victime qui riposte pour se protéger, ce n’est pas la même chose qu’un conjoint qui étrangle sa copine pour exercer un contrôle absolu, coercitif sur elle », décrit la directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, Manon Monastesse.

Les femmes aussi violentes que les hommes

« Le discours des masculinistes voulant que les femmes sont aussi violentes que les hommes joue dans la tête des jeunes femmes qui ripostent lorsqu’elles se font frapper « , déplore Mme Monastesse. Dans les enquêtes populationnelles canadiennes, la proportion de femmes et d’hommes rapportant avoir été agressés physiquement ou sexuellement par un conjoint est similaire. Par contre, la nature et les conséquences des événements violents sont plus graves pour les victimes féminines que pour les victimes masculines, indique l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Les femmes représentent la totalité ou presque des victimes d’homicides conjugaux (100 %), d’enlèvements (100 %), de séquestrations (97,8 %) et d’agressions sexuelles (97,2 %), selon les plus récentes données du ministère de la Sécurité publique (2014).

Un problème d’ordre privé 

La violence conjugale est un problème d’ordre social. Plusieurs actes violents commis dans un contexte conjugal sont des infractions inscrites au Code criminel, souligne l’INSPQ sur son site interne.

Une perte de contrôle

Un homme qui tue une femme dans un épisode de violence conjugale, ce n’est pas une « perte de contrôle », c’est un « contrôle absolu », explique Mme Monastesse, de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes. Cet homme se dit : “Si elle n’est pas avec moi, elle ne sera avec personne d’autre” », souligne-t-elle.

Un acte de désespoir, un geste d’amour

L’homicide est un meurtre, souvent prémédité. Il constitue habituellement l’aboutissement d’une longue relation de violence et de domination, rappelle l’INSPQ

Une simple dispute de couple

Un rapport de force inégal, la peur, l’isolement, l’emprise de l’un et la soumission de l’autre dans le couple reflètent un contexte de violence conjugale. La chicane de couple est quant à elle l’expression d’une mésentente entre deux personnes dans un rapport égalitaire qui peut se manifester par la colère et l’agressivité, précise l’INSPQ.

« Mais elle ne le quitte pas »

Plusieurs raisons complexes expliquent que les victimes restent avec l’agresseur : la peur des représailles, l’isolement social, la peur du jugement et l’espoir constant que le conjoint va changer, énumère l’INSPQ.

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