Féminisme: Stéphanie Vallée préfère se présenter comme une humaniste

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Dans une entrevue, Mme Vallée a préféré se présenter comme une «humaniste», parce que son engagement politique pour l’égalité dépasse la simple égalité des sexes.

«Je suis davantage une humaniste, c’est davantage ce qui m’anime, a-t-elle dit. Et à titre d’humaniste, est-ce que je vais me battre pour l’égalité entre les hommes et les femmes? Tout à fait. À titre d’humaniste, est-ce que je vais me battre pour les droits des personnes trans? Tout à fait. Est-ce que je vais me battre pour les personnes LGBT? Tout à fait.»

La ministre a refusé de préciser si, pour elle, le féminisme est synonyme ou contraire du concept de l’égalité hommes-femmes.

«Le mouvement féministe milite pour cette égalité, pour que l’égalité de droit devienne l’égalité de fait, et moi je crois que l’égalité de droit doit être l’égalité de fait pour tous et chacun d’entre nous, peu importe notre sexe, notre genre, notre culture, notre race, notre religion», a-t-elle dit.

Mme Vallée, ministre de la Condition féminine jusqu’au mois dernier, n’a pas voulu dire si l’exercice de cette fonction nécessite d’être féministe.

«Je sais que vous tentez de me mettre en contradiction avec ma collègue (Lise Thériault)», a-t-elle dit.

Après avoir refusé l’étiquette de féministe en affirmant, lundi, que «l’objectif, ce n’est pas d’être supérieure», Mme Vallée a reconnu qu’elle s’était mal exprimée.

«Je me suis mal exprimée, j’avoue, je relisais mes propos. L’objectif pour moi, c’est l’égalité de tous et ç’a toujours été ça qui m’a motivé», a-t-elle précisé.

La ministre de la Justice s’est défendue d’avoir voulu attaquer le mouvement féministe, lorsqu’elle a endossé la même position que sa successeure à la Condition féminine, Lise Thériault.

«Ce n’est pas du tout une critique ou une attaque du mouvement féministe. Moi mon engagement politique est motivé par cette lutte pour l’égalité», a-t-elle dit.

Les propos de Mme Thériault, qui a également refusé de se présenter comme une féministe, ont suscité la controverse depuis deux jours.

Mardi, Mme Vallée a rapporté avoir été la cible de critiques «pas très, très édifiantes» en raison de ses propos, notamment sur les réseaux sociaux.

«Est-ce que je peux ne pas vouloir d’étiquette, militer pour le respect de l’égalité sans avoir d’étiquette? Est-ce que l’étiquette est nécessaire?» a-t-elle demandé.

Les groupes féministes réagissent

Des groupes féministes québécois ont invité mardi la ministre Thériault à les rencontrer afin de lui expliquer pourquoi la lutte féministe a encore sa place au Québec.

Dans un communiqué, le groupe des Treize a réagi aux propos de la ministre, qui a confié à La Presse Canadienne ne pas se considérer féministe, dans une entrevue publiée dimanche.

«L’action gouvernementale doit considérer la situation des femmes dans toute leur diversité et prendre en compte les inégalités vécues par ces dernières en fonction notamment de leur origine ethnique, de leur revenu, de leur scolarité, de leur âge, de leur orientation et identité sexuelle, de leur limitation fonctionnelle et de leurs réalités régionales», a déclaré la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Mélanie Sarazin.

La coalition estime que le refus de s’afficher comme féministe dénote une «vision stéréotypée et péjorative du féminisme». Elle rappelle que le féminisme est le désir d’égalité entre les droits des femmes et des hommes.

Le groupe des Treize, dont font notamment partie la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES), la Fédération des femmes du Québec (FFQ) et la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, trouve inquiétant que la ministre de la Condition féminine ne soit pas mieux renseignée sur l’importance du mouvement pour l’égalité de toutes les femmes.

En entrevue avec La Presse Canadienne, Lise Thériault, nouvellement affectée aux dossiers de la Condition féminine, s’est dite «plus égalitaire que féministe».

Le conseil de Mme Thériault aux femmes est de foncer, comme elle l’a fait elle-même depuis le début de sa carrière dans le milieu des affaires et en politique. «Tu veux prendre ta place? Faire ton chemin? Let’s go, vas-y!», a-t-elle déclaré.

«Mettre quelques femmes dans des postes de commande, dire aux femmes «toi aussi, tu le peux» et rejeter du revers de la main les analyses féministes en prétendant que les politiques économiques sont neutres et technocratiques, ce n’est pas abattre des barrières. C’est être en faveur du statu quo, c’est laisser les inégalités se creuser, c’est nier les droits des femmes», réplique le groupe des Treize.

Article paru dans La Presse

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